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MESSAGE DE NOËL 2015

Publié le 06/01/2016

MESSAGE DE NOËL 2015
du Patriarche Irénée et de l’Assemblée des évêques orthodoxes serbes

LA PAIX DE DIEU – CHRIST EST NÉ !

Chantez au Seigneur, bénissez Son nom ! Proclamez Son salut de jour en jour ;

 Annoncez Sa gloire parmi les nations, Ses merveilles parmi tous les peuples ! (Ps 96, 2-3)               

C’est par ces mots, frères et sœurs en Christ et chers enfants spirituels, que le saint roi David nous convie à la fête d’aujourd’hui et à la célébration festive que le Seigneur Lui-même nous a préparée par Sa naissance de la Très Sainte Vierge Marie dans la grotte de Bethléem. Il y a deux mille ans, la Très Sainte Vierge Marie vint à Bethléem de Juda avec Joseph le juste pour se faire recenser. Mais le recensement de Joseph au milieu de ses frères et de son peuple a servi à l’économie du salut et à l’accomplissement de la prophétie du prophète Michée qui sous l’inspiration du Saint Esprit avait prophétisé en ces termes : Et toi, Bethléem Ephrata, trop petite pour compter parmi les clans de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent à l’antiquité, aux jours d’autrefois (Mi 5,1).

C’est aujourd’hui que cette prophétie s’est accomplie. Car la Très Sainte Vierge a enfanté à Bethléem de Juda, Celui dont les origines remontent à l’antiquité, aux jours d’autrefois, Dieu le Verbe (Logos) qui de façon prodigieuse a pris chair de la Très Sainte Vierge Marie et est né dans la ville de David. En voyant un tel miracle inconnu jusque-là, les anges tressaillirent dans les cieux et des mages venus d’Orient, guidés par l’astre qu’ils avaient vu à son lever, vinrent jusqu’à la grotte de Bethléem. Quant à nous, comme le dit le roi David, chantons aujourd’hui notre Dieu le Seigneur, bénissons Son Nom, proclamons Son Salut toujours et sans cesse à tous ceux qui nous entourent et annonçons Sa gloire à tous les peuples qui sont avec nous et autour de nous ainsi que Ses merveilleux miracles que l’œil humain ne peut voir et que l’esprit humain ne peut expliquer !

La Nativité de Jésus-Christ est un événement historique qui a simultanément réjoui le ciel et la terre, mais a aussi troublé nombre de gens en Israël et dans l’empire romain. Les anges et les bergers Le glorifiaient à Bethléem, les mages venus d’Orient, guidés par l’étoile, se dirigeaient vers Jérusalem, tandis qu’Hérode et tout Jérusalem prenaient peur en entendant cette interrogation des mages : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? (Mt 2,2). La terre et le ciel se réjouissaient de l’arrivée du Sauveur, mais Hérode et tout Jérusalem craignaient le Juge juste. Dieu le Verbe (Logos) – Deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, Fils du Dieu prééternel, S’est incarné et est apparu dans le temps comme le Dieu-homme Jésus-Christ afin de sauver l’homme créé à Son image ! Telle est la substance, tel est le sens de cet événement historique et de cette fête. Mais cet événement est également porteur d’un autre message qui concerne l’homme, c’est-à-dire la grandeur, la noblesse et l’identité de l’homme, qui nous explique pourquoi Dieu Lui-même a eu l’humilité de naître dans une grotte à Bethléem. En outre, cette fête nous offre le témoignage de l’amour infini de Dieu envers l’homme et le monde. Frères et sœurs et enfants spirituels, Dieu n’abandonne ni ne rejette jamais l’homme, Son icône. Il ne laisse jamais ce monde qu’Il a créé dans Sa très grande sagesse,  sans Sa miséricorde et Sa bonté ; Il le tient dans Sa paume car Il est le Créateur ; Il le régénère et le sauve car Il est le Sauveur. Tel est le message le plus important et le plus élevé, non seulement de cette fête de Noël mais aussi de toutes les fêtes salvatrices du Seigneur.

Dans l’Ancien Testament déjà, le grand et saint prophète Isaïe évoque la naissance d’Emmanuel, c’est-à-dire de Celui dont le nom signifie Dieu-avec-nous. Voici la jeune femme est enceinte ; elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel (Is 7,14), dit le prophète et, tel un témoin direct de cet événement prodigieux, il ajoute : Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : Conseiller – merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel, Prince-de-paix (Is 9,5). Sachant cela, réjouissons-nous, chers enfants spirituels, et soyons dans l’allégresse aujourd’hui, à l’image de la joie et de l’allégresse qu’ont connues les anges dans les cieux et les bergers à Bethléem en chantant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de Sa bienveillance (Lc 2,14), car Dieu est avec nous !

Aujourd’hui, plus que jamais, la paix est nécessaire sur la terre, de même que la bienveillance parmi les hommes et les peuples ! La paix sur la terre et la bienveillance parmi les hommes, tel est le cri éternel du ciel et de la terre. Quelle paix, quelle bienveillance et parmi quels hommes ? – se demandera-ton. Dans l’esprit de l’Evangile, nous répondrons : la paix divine, la paix du Dieu qui est né pour nous à Bethléem de Juda – le Divin Enfant nouveau-né Jésus-Christ. Lui-même représente la Paix de Dieu parmi nous. Reconnaissons-Le, accueillons-Le afin qu’Il devienne notre Paix au milieu des turbulences de ce monde ! La bienveillance parmi les hommes doit être le résultat de cette Paix de Dieu. Un tel manque de bienveillance dans le monde, même parmi nous chrétiens, est révélateur de l’absence de la paix de Dieu parmi nous. Afin d’avoir la paix entre nous, il nous faut d’abord être personnellement en paix avec notre Dieu ! Il nous faut nous réconcilier avec Lui par le repentir, par le cri lancé par Pierre : Au secours, Seigneur, nous périssons ! (Mt 8,25). Alors il nous sera facile – comme enfants de Dieu, comme peuple de Dieu, comme frères et sœurs – d’établir la bienveillance et la paix entre nous.

Que voit-on dans le monde contemporain ? On voit que les hommes et les peuples se sont beaucoup éloignés de Dieu, en fait non seulement de Dieu mais aussi les uns des autres, car l’un va avec l’autre. On voit qu’on injurie le Nom de Dieu et Dieu Lui-même beaucoup plus qu’on ne Le glorifie et qu’on implore Son secours. On voit que le péché le plus grave, celui de tuer les hommes et des communautés humaines entières, est commis quotidiennement, souvent au nom de Dieu. Cela est incompréhensible pour un esprit et un entendement normaux. Demandons-nous comment il est possible que quelqu’un ayant le nom de Dieu sur les lèvres, tue des enfants innocents, des femmes, des prisonniers et des expulsés ? Au nom de quel Dieu agit-il ainsi ? Au nom de quelle religion agit-il ainsi ? Au nom de quelle perversion pseudo-religieuse a-t-on autant de turbulences et d’angoisses dans le monde, qui ne sont rien d’autre que le fruit de l’impiété active de pseudo-croyants. Frères, sœurs et enfants spirituels, nous vous invitons au nom de Dieu, au nom du Nouveau-né le Christ Seigneur, à nous préserver nous-mêmes ainsi que notre peuple de tout blasphème et des péchés qui font hurler jusqu’au ciel. Si le Seigneur est venu pour sauver chaque homme, renouveler son identité créatrice et lui donner la vie éternelle, comment quelqu’un peut-il oser enlever à l’homme le don divin de la vie, dans le sein maternel ou ici sur terre ?

Sans une paix véritable et vivante avec Dieu, la paix avec nos frères est impossible, tout comme la bienveillance entre les hommes et les peuples. Sachant cela, frères, sœurs et enfants spirituels, nous vous invitons à nous réconcilier avec notre Dieu. Implorons-Le avec repentir, à l’image du fils perdu, du fils prodigue du récit de l’Evangile et Il nous accueillera les bras ouverts ! Au lieu de la bienveillance et de l’amour entre les hommes et les peuples, nous sommes témoins de l’expansion planétaire de l’égoïsme, de la jalousie, des antagonismes et des rivalités – des vices qui suscitent inquiétude, peur et anxiété pour l’avenir de ce monde. Adressons une prière au Divin Enfant le Christ pour qu’Il accorde à ceux qui dirigent aujourd’hui leurs peuples et même le monde, sagesse et bonté, amour et humilité, afin que ce monde puisse sortir d’une crise morale et existentielle très profonde !

Dans cette joie festive, nous vous saluons tous, chers enfants spirituels et frères et sœurs dans l’esprit de saint Sava éparpillés à travers le monde, dans notre patrie et dans la diaspora. Nous vous saluons et vous invitons à nous réconcilier avec Dieu comme entre nous, d’être des enfants de Dieu et un peuple de Dieu ! Faisons preuve de bienveillance entre nous comme envers tous les hommes qui nous entourent ! Grâce à cette bienveillance entre les hommes, soyons une lumière pour le monde et le sel de la terre ! Vivons saintement et honnêtement et soyons fidèles au vœu de nos pères qui ont choisi pour nous le Royaume Céleste ! Nous saluons tout particulièrement nos frères et sœurs de la terre martyre du Kosovo et de la Métochie, notre berceau spirituel. Prions le Divin Enfant le Christ pour qu’Il les réconforte spirituellement, comme l’ont été le prophète Daniel et les saints Jeunes Gens de Babylone, et qu’Il les raffermisse dans leur choix de rester fidèles au testament de leurs saints ancêtres. Nous appelons tous les expulsés et réfugiés originaires de cette terre sainte serbe, comme tous les expulsés et réfugiés exilés de leurs foyers séculaires – de Dalmatie,  de Lika, de Slavonie, de Baranja et de Kordun ainsi que de diverses régions de Bosnie-Herzégovine – à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour revenir dans leurs foyers séculaires, afin de les rénover, les développer et les préserver pour les générations à venir. C’est un péché, cependant, de mentionner les malheureux, les sinistrés et les expulsés d’origine serbe sans avoir une pensée pour tous les malheureux, les sinistrés et les expulsés d’autres peuples et nations, quelle que soit leur foi, et en particulier nos frères et sœurs du Proche et du Moyen-Orient, d’Ukraine et d’Afrique, tout spécialement en ces journées saintes et douces quand nous célébrons la Nativité du plus grand Sinistré et Expulsé de l’histoire, le Divin Enfant Jésus-Christ, Qui a triomphé du mal, de la mort et de satan.  Souvenons-nous d’eux dans la prière et aidons-les pratiquement quand nous le pouvons et autant que nous le pouvons.

Indépendamment du lieu où nous vivons et travaillons, chers enfants spirituels, nous sommes un peuple chrétien, orthodoxe et fidèle à l’enseignement de saint Sava, qui célèbre Noël et se caractérise par une éthique de Noël spécifique. Noël se trouve dans nos cœurs, dans nos âmes. En fêtant Noël dans la joie et la paix avec tous et chacun, nous avons été initiés à une vie sainte et dans la crainte de Dieu. Avec notre salut traditionnel – la Paix de Dieu, Christ est né ! – et avec sa réponse : En vérité, Il est né ! – nous avons été formés comme un peuple vivant dans la paix de Dieu et la bienveillance. Tel est notre grand capital spirituel. Multiplions-le en célébrant cette grande fête de façon correcte et sainte ! Dieu nous a initié à tout ce qui est saint, honnête et accessible au Dieu très-doux. Sachant cela, nous vous invitons encore une fois à veiller à l’unité dans la foi de l’Eglise de saint Sava et à la sainteté de cette fête de Noël comme à la prunelle de nos yeux ! Ne permettons à personne de nous diviser sous aucun prétexte ! L’Eglise orthodoxe serbe a été, est et sera le garant de notre unité spirituelle et nationale ! C’est à ce titre que nous vous adressons notre salutation joyeuse de Noël !

La paix de Dieu – Christ est né ! En vérité, Il est né !

Bénie soit la nouvelle année 2016 !

Au Patriarcat serbe, à Belgrade – Noël 2015.

Le patriarche serbe IRENEE, avec tous les évêques de l’Eglise orthodoxe serbe et Mgr Luka, évêque d’Europe occidentale